Le Baiser
Matin d'avril, sur la canopée de zinc, le jour se lève
Battent, fébriles, les premiers pas qui frappent la fin de la trêve
Un rayon caresse la ville, sèche sa mélancolie nocturne
Sur les pavés encore humides,déambulent, semblables figurants, pantomime taciturne
Une douce odeur de pain chaud exhale derrière ces vitres embuées, madeleine de Proust, quand tu nous tiens
Quelques cuillères affolées exécutent, dans leurs tasses tintinnabulantes, leur ballet quotidien
Et ces personnes qui s'en vont parcourir les unes et relever les premières les mots couchés la veille
Sous les pavés,peu de sable pour troubler les rouages de cette machine qui s'éveille
Dans les métros, vont, viennent, fourmillent, se croisent, valse de Vienne, de modernes Charlots en transe
Quand en moi résonnent du Trénet, du Montand, une envie de bicyclette,
Puis cet air de Constantin portant le jeune Doinel me donnant soif de liberté, Que me poussent des ailes
Alors, enfourchant une monture fortuite, cette condition d'infortune je quitte
M'accordant une pause, un souffle, une errance,
Pour embrasser à la Doisneau, avec tendresse, une ville de France.
JPRL